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De l'importance d'être clair dans les choses que vous "prophétisez" sur votre propre vie.
En 2006, BTS fraîchement en poche, je passais en taxi devant le portail de la boîte et je me suis en mon for intérieur: "Ce serait parfait d'avoir un stage dans cette société pour rédiger mon rapport de fin d'études".
J'ai déposé ma demande et bien sûr je n'ai jamais été appelé.
Au contraire, je suis passé par la case sans emploi après avoir soutenu (suite à un stage dans une autre entreprise qui n'avait pas mes faveurs à l'origine). J'ai cumulé quelques petits stages mais rien de fameux
Au contraire, je suis passé par la case sans emploi après avoir soutenu (suite à un stage dans une autre entreprise qui n'avait pas mes faveurs à l'origine). J'ai cumulé quelques petits stages mais rien de fameux
Et puis finalement, je me suis lancé dans le graphic design freelance. J'étais pas trop mal mais j'étais pas le meilleur et ça, ça me posait clairement problème. Je vivais de ma passion mais j'avais un sentiment d'illégitimité d'autant plus que c'était pas mon domaine.
En 2011, j'ai fini par être embauché en tant qu'infographiste. Au moins j'avais des revenus réguliers, c'était déjà ça même si le salaire n'était pas folichon. J'avais même pas touché ma première paye que ma mère est décédée. Eh Dieu, on va s'en sortir ??
Vous connaissez certaines PME africaines, manque de considération, salaires qui arrivent le 16-18 du mois suivant etc. A un moment, marre des foutaises, j'ai posé ma démission. Qq semaines après j'ai retrouvé du boulot.
Après qq mois sans accro, rebelote: retards de paiement etc. sauf que là ça n'allait pas du tout, j'allais devenir papa et une telle précarité ne correspondait pas du tout à la vie que je souhaitais offrir à notre fils. La veille de l'accouchement, je pose mon congé paternité
Au Togo, c'est 3 jrs. Le lundi suivant, c'était donc la reprise. J'arrive au boulot, toutes les serrures ont été changées. Les loyers étaient impayés et le propriétaire mettait donc l'entreprise dehors. 
Je pense que c'était la pire journée de toute ma vie.
Je pense que c'était la pire journée de toute ma vie.
Comment je vais pouvoir expliquer ça ??? J'ai dit qu'on m'avait laissé quelques jours pour profiter du bébé. Gars ! Les jours passaient, le boulot ne reprenait pas. Mon employeur avait toujours mon dernier salaire. J'ai dû lui courir après, menacer, supplier pour récupérer mon dû
Bref retour à la case freelance. Curieusement les commandes tombaient, je gagnais plutôt bien ma vie. On n'a manqué de rien, y'avait même du beurre dans les épinards. Qd la tradition dit que chaque enfant vient avec ses propres moyens pour sa survie, c'est là que j'y ai cru.
Fin 2013, le soir de la St Sylvestre, je prie Dieu: "Franchement je n'ai aucune raison de me plaindre hein. Tout va bien, mais si je pouvais retrouver un boulot dans mon domaine d'origine (commerce international) ça serait pas mal du tout ou bien Seigneur ?
Fin Janvier, un ami(il est sur TT) avec qui on a été dans la première boîte où j'ai bossé en tant que graphiste m'appelle pour me dire qu'il y a une place dans son équipe, est-ce que j'étais intéressé ? Je dis oui bien sûr ! "Qui va voir et puis refuser ?"comme on dit en mina
Le jour du 1er anniversaire de mon fils, il m'appelle pour un entretien. "Apporte ton portfolio, me dit-il". Gars, j'étais trooop prêt. L'entretien se passe superbien. Ils me demandent de commencer le lundi suivant, genre 3ème semaine du mois quoi !
Les gars, je découvre le vrai salariat pour la première fois. Un salaire raisonnable, payé en temps et en heure. Les heures sup sont payées. Il y a une excellente ambiance dans l'équipe. Je me dis "Seigneur, c'est pas ce que j'ai demandé mais c'est pas mal hein ! Merci"
Retour en arrière, novembre 2012, une amie (elle est même sur Twitter ici) me dit qu'une place de commercial s'est libérée dans la boîte devant laquelle je suis passé et où je voulais faire mon stage et ils m'ont zappé. "Envoie-moi ton CV", j'envoie sans trop de conviction.
Voilà qu'ils m'appellent pour un entretien. Je me suis tellement préparé que je connaissais les chiffres sur les performances mondiales de la boîte l'année précédente, l'histoire, les valeurs, tout ! J'ai jamais été aussi prêt pour un entretien de toute ma vie.
J'avais zéro stress, zéro pression. Je venais de signer mon CDD ailleurs donc... Je vais à l'entretien, dès les premières secondes je fais rire la RH, je me dis c'est bon, c'est gagné. Test écrit, entretien oral, incoterms, excel, j'étais au point!
Si je vous dis que curieusement je voulais plus le boulot parce que je me sentais trop bien dans l'ambiance de l'autre côté ? 
Ils me rappellent pour un deuxième entretien, cette fois-ci avec le DG. Le gars voulait me désarçonner, je souriais seulement.
Ils me rappellent pour un deuxième entretien, cette fois-ci avec le DG. Le gars voulait me désarçonner, je souriais seulement.
Gars tu vas me faire peur avec quoi que je n'ai pas vécu déja dans mon histoire récente ? 
A la fin de l'entretien, il me fait "Do you speak english ?", Walaye, 2pac, Eminem sont tous passés par là, le gars a un peu bégayé et a mis fin à l'entretien
A la fin de l'entretien, il me fait "Do you speak english ?", Walaye, 2pac, Eminem sont tous passés par là, le gars a un peu bégayé et a mis fin à l'entretien
Je repars avec un sentiment mitigé. La façon dont le DG m'a mis la pression, visage serré et tout ne m'a pas plu du tout. Bref, un mois et demi s'écoulent, j'ai aucune news. Et puis je m'en fiche un peu aussi, j'avais pas envie de bosser pour ce gars. Gars le CDD donne la force !
1 mois, pas de news et puis un jour je pars en pause, je reviens 2 appels manqués. 3ème appel je décroche: "M. xxxx, je suis la DRH de la société xxxx. Nous avons décidé de poursuivre le processus avec votre candidature"
Je lui dis que je suis désolé mais que je ne suis plus intéressé que j'étais sur le point de passer en CDI là où je travaillais (ce qui était vrai). La go raccroche, un peu confuse.
Le lendemain, la secrétaire appelle disant que le DG souhaitait me recevoir pour un entretien. Imaginez que j'ai dit non à nouveau. La go voulait pleurer, qu'elle ne savait pas comment elle va dire à son patron qu'un candidat refuse de venir à un entretien.
Mes amis, qd ton destin te poursuit, c'est comme ça. 20mn après le DG lui-même m'appelle. Je lui redis que je ne suis plus intéressé (foin de la prière du 31 décembre et tout hein). Il me dit qu'il souhaite tout de même me faire une proposition, est ce que je peux venir écouter?
Là j'entends dans ma tête la voix de ma mère "Yann, tu es devenu donc fou ?" Je réponds au DG que dans la tradition de chez nous, on ne t'appelle pas pour venir voir & on refuse. J'ai donc accepté l'entretien avec l'idée ferme de dire non quel que ce soit ce qui me serait proposé
J'y vais donc. Et là, changement d'ambiance. Le gars est tout sourire, ya le DGA, la DAF. Genre le top management quoi. Je me dis ça c'est un piège ! On s'est expliqué sur les raisons de mon refus.
J'ai dit que j'ai pas apprécié le ton et le fait qu'ils aient mis un mois à rappeler (le caprice de ça ! je vous dis que le CDD donne la force!) Pour finir le gars me propose quasiment le triple de ce que je gagnais à ce moment.
"Non, non moi Yann, l'argent ne m'achète pas"
"Non, non moi Yann, l'argent ne m'achète pas"
Le gars ajoutent les primes et indemnités. I was like, eh . J'ai répondu que c'est une décision de famille, qu'il fallait que j'en parle à ma femme d'abord. J'allais pas dire oui facilement comme ça .
. J'ai répondu que c'est une décision de famille, qu'il fallait que j'en parle à ma femme d'abord. J'allais pas dire oui facilement comme ça .
Je suis retourné au boulot, j'en ai parlé avec mon chef d'équipe en toute transparence. Je lui ai dit que je ne voulais pas être déloyal envers lui ni envers l'entreprise. Il me fait à peu près ceci "Gars, tu es fou ? A ce prix là moi même j'amène tes bagages là-bas".
A la pause de midi, il y a eu l'épisode "de la réunion du Cocktail de fruits"( on a tous choisit Cocktail de fruit quand il s'est s'agi de choisir quoi boire). Il y avait ma femme, mes deux meilleurs amis dont celle à qui j'ai envoyé le CV.
Tout le monde essaie de me convaincre qu'il faut que je dise oui à la proposition et je n'arrête pas de répondre que l'ambiance de l'autre côté est top, le patron est top et tout. A un moment mon pote me demande "C'est l'ambiance que tu récoltes sur ton compte à la fin du mois?"
Bref je pars finalement sur un "Oui". J'appelle le DG, je lui dis que j'acceptais. Il me demande si je peux commencer le lundi suivant ? J'ai dit que je voulais faire correctement les choses et aller au bout de mon préavis de l'autre côté, je leur devais bien ça.
J'en parle enfin à la DAF de mon employeur de l'époque. Elle est étonnée, un peu triste mais elle me dit "une boîte comme xxx, on sera jamais capable de t'offrir le même niveau de salaire. Vas-y, on est contents pour toi"
Voilà comment je suis arrivé chez mon employeur actuel en 2014. Mon premier jour de travail, en allant au boulot j'écoutais ceci en boucle. (C'est même pour ça que je fais ce thread) https://www.deezer.com/track/71519882?utm_source=deezer&utm_content=track-71519882&utm_term=369956605_1593170243&utm_medium=web
J'ai été super bien reçu. Ca me manquait de ne plus bosser en jeans/baskets/écouteurs. Yavait bcp de pression (enfin, je me la mettais surtout tout seul). Je multipliais les heures supplémentaires, je finissais vers 20h alors qu'on fermait à 17h30.
j'avais besoin de tout apprendre, tout comprendre. Les trois premiers, j'étais stressé à mort! J'avais fait aucun booking! Un soir le DG m'appelle dans son bureau et me dit "Est-ce que tu sais que j'ai commencé ma carrière chez xxxx en tant que commercial aussi ?"
"Tes difficultés, je les connais. Ce n'est pas parce que tu n'as pas fait de booking que tu n'en feras jamais. Le premier booking ça prend du temps c'est pour ça qu'on t'a signé une période d'essai de 6 mois. Une fois que tu vas commencer tu t'arrêteras plus.
"J'ai pris un pari sur toi, c'était ma dernière décision en tant que DG. Je pars dans un mois. Si tu échoues, ce sera mon héritage, si tu réussis ce sera pour toi. Je suis convaincu que tu étais le bon choix"
J'étais au bord des larmes mais ça m'a reboosté de suite! Une semaine après j'ai fait mon tout premier booking c'était un conteneur de boissons allant à Tokyo, j'oublierai jamais . Les pricers du siège appelaient même pour me féliciter.
. Les pricers du siège appelaient même pour me féliciter.
Et en effet depuis ce jour, je ne me suis plus arrêté de booker ! Aujourd'hui je booke quasiment 6000 conteneurs par an sinon même un peu plus.
Il y a 4 ans lors de l'entretien de fin d'année, mon manager m'a dit qu'on avait une excellente année mais que je ne semblais pas content. Je lui ai dit que j'avais le sentiment que malgré mes performances on ne me respectait pas assez en dehors de notre service.
Il me dit en riant "tu sais, ne te prends pas la tête avec de telles considérations. Tu sais ce que je pense de ton travail. Tant que ton salaire suit la courbe de tes performances. Si qq1 ne te respecte pas, passe ta route."
Je suis têtu (et un peu bcp fier). Je lui ai répondu que je ne renoncerais pas et que je ferais en sorte qu'ils me respectent tous. C'est à ce moment que j'ai mis les bouchées doubles, j'ai travaillé encore plus que d'habitude, multiplié les initiatives.
Le respect ne se décrète pas, il se mérite. Je l'ai compris durant ces années. J'ai fait le tour des choses et j'ai même commencé à plafonner alors le 31 décembre 2019 j'ai prié à nouveau.
"Seigneur, j'ai envie de passer à une autre étape dans ma carrière. Ne me laisse pas finir 2020 dans la même position que je l'ai commencée."
Si Dieu le veut, c'est ma dernière journée de travail dans cette entreprise. L'adrénaline, le stress, les fous rires, les énervements, les gros bookings vont me manquer. Ce matin en allant au boulot, ma playlist a mis ceci. C'était pas le hasard, je pense. https://www.deezer.com/track/71519882?utm_source=deezer&utm_content=track-71519882&utm_term=369956605_1593170243&utm_medium=web
Je pars avec le sentiment du devoir accompli. Il s'est écoulé 14 ans entre le jour où j'ai voulu faire ce stage et aujourd'hui. Dieu ne voulait pas que j'y fasse un stage mais que j'y travaille. Faites attention à ce que vous demandez à Dieu. La boucle est bouclée.
Voilà qui je suis et ce que j'ai fait ces dernières années. A essayer de me construire une carrière sans faire du tort à qui que ce soit, sans m'abaisser à demander des choses que je ne méritais pas. J'ai appris ici à compter sur les autres et à être disponible pour eux.
