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On a beaucoup vu ces images des personnes arrêtées dans les manifestations russes sur les réseaux sociaux: 25 détenus dans une cellule de 8 à peine équipée; personnes gardées plus de 12h dans un bus. Je me permets un commentaire un peu annexe. 
Cette saturation est un marqueur évident du caractère inédit de la répression, à laquelle le pouvoir est logistiquement non préparé. Si les matraques et les casques n'ont pas manqué, les capacités d'absorption par le système d'autant de personnes arrêtées sont insuffisantes.
L'appareil policier russe est inégal. A côté des forces anti-émeute suréquipées, les forces de police et l'administration pénitentaire sont mal payées et travaillent souvent dans des conditions pas terribles et sous pression. Cet afflux des prisonniers est un poids pour eux.
Le système ne peut que générer de la maltraitance et de la torture, quasi indépendamment de la volonté des individus. 25 prisonniers dans une cellule de 8, pas de matelas ni de draps, pas de chauffage: je ne suis pas sûre que ce soit une volonté de torture.
C'est une torture qui résulte 1. des conditions matérielles des maisons d'arrêt que le policier ne maîtrise pas 2. de la hargne des policiers sous pression 3. de la conception acqiuse en formation que l'emprisonnement n'est efficace qu'avec une dose de souffrances.
Les personnes sur ces images sont clairement des victimes. Mais les policiers qui les gardent sont aussi des victimes, mal formées, maltraitées par le système et maltraitants en conséquence. C'est ce qui nous apprend la sociologie de la police russe.
Aujourd'hui, la répression accrue met tout le système sous tension. Il y aura des conflits entre états-majors, de la violence en bas de l'échelle. Il y a un problème de flux (ceux du bus) et un problème de stock (ceux de la cellule, avec des peines à purger).
Si la mobilisation se maintient, la répression changera de stratégie, car celle-ci est insoutenable pour ses forces de l'ordre. Mais ceci est une autre histoire. 
