POURQUOI IL NE FAUT PAS IDEALISER LA MEDITATION DE PLEINE CONSCIENCE :
1. De quoi parle-t-on ?
A l'origine, la méditation n'est pas une pratique laïque, c'est une discipline permettant d'atteindre un état qu'on pourrait qualifier de présence pure. Cet état est recherché dans le
1. De quoi parle-t-on ?
A l'origine, la méditation n'est pas une pratique laïque, c'est une discipline permettant d'atteindre un état qu'on pourrait qualifier de présence pure. Cet état est recherché dans le
bouddhisme pour contribuer à se libérer de la matière. En soi, elle n'est pas conçue pour être thérapeutique mais pour avancer dans la sagesse religieuse.
2. La version occidentalisée
Celle qu'on appelle MBSR, popularisée par Kabat-Zinn est une version occidentalisée de la
2. La version occidentalisée
Celle qu'on appelle MBSR, popularisée par Kabat-Zinn est une version occidentalisée de la
méditation bouddhiste destinée à réduire le stress ou la dépression. Ce protocole de 8 semaines a ensuite été intégré sous une autre forme aux thérapies comportementales. C'est donc une version un peu revisitée, plus guidée que l'est la méditation bouddhiste. Ici, plutôt que
de laisser filer les pensées uniquement, on ajoute un focus de concentration sur des parties du corps par exemple ou des sensations.
3. Appropriation culturelle capitaliste ?
On pourrait se poser une première question qui
3. Appropriation culturelle capitaliste ?
On pourrait se poser une première question qui
serait celle de l'appropriation culturelle d'une pratique orientale religieuse qui passée à travers la moulinette de nos sociétés de consommations, ressortirait en un programme edulcoré de méditation. On passe d'une discipline mentale religieuse à un programme en étapes qui
représente des millions en chiffre d'affaire et se décline un peu à toutes les sauces, sans forcément la rigueur du programme MBSR initial, se rapprochant plus parfois d'une espèce de soupe de psychologie positive ultra hygiéniste et prônant une ultra-adaptabilité aux événements
(il ne faut pas laisser les émotions négatives s'ancrer, etc.) au détriment de saines révoltes.
4. Que disent les études scientifiques ?
C'est très contrasté, comme à chaque fois qu'on essaye d'évaluer une forme de psychothérapie... Une étude de 2014 dans le JAMA
4. Que disent les études scientifiques ?
C'est très contrasté, comme à chaque fois qu'on essaye d'évaluer une forme de psychothérapie... Une étude de 2014 dans le JAMA
https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/1809754 montre que les effets sont faibles sur le stress et l'anxiété et non concluants sur l'humeur, l'attention, l'addiction, les TCA et l'insomnie
En 2016, une méta-analyse sur le site de Cochrane (que je vous recommande pour voir si un traitement a été validé, par exemple) https://www.researchgate.net/publication/299127127_Evidence_Based_Mindfulness_An_overview_of_Cochrane_systematic_reviews ne conclut à aucun effet positif sur la fibromyalgie et les troubles anxieux
En 2017, une étude conclut quand même que la MBSR aide à supporter mieux la douleur dans les maladies chroniques ou à accepter l'humeur dépressive https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29306938/
Donc comme vous pouvez le voir, c'est très contrasté.
5. Pourquoi des contre-indications ?
Donc comme vous pouvez le voir, c'est très contrasté.
5. Pourquoi des contre-indications ?
Ce sont les récits des patient.e.s qui ont alerté les psy ainsi que les crises pendant les programmes de méditation, cela a conduit un collectif de 15 chercheurs à écrire une tribune pour demander des études qui se penchent sérieusement sur les effets secondaires possibles de
cette pratique ainsi que sur les biais qui ont pu être survolés dans les études précédentes.
Le site officiel de l'asso de mindfulness reconnait du bout des lèvres que si "vous êtes dans une moment difficile de votre vie" ou "suivi.e par un.e psy", la méditation n'est peut-être
Le site officiel de l'asso de mindfulness reconnait du bout des lèvres que si "vous êtes dans une moment difficile de votre vie" ou "suivi.e par un.e psy", la méditation n'est peut-être
pas pour vous.
Un article du Temps résume la demande des chercheurs : https://www.letemps.ch/sciences/lengouement-meditation-neglige-effets-secondaires
Un article du Temps résume la demande des chercheurs : https://www.letemps.ch/sciences/lengouement-meditation-neglige-effets-secondaires
Et un article de Sciences et avenir se penche un peu plus sur les mécanismes neurologiques de ces effets secondaires : ce serait l'hyperactivation du cortex insulaire par l'attention portée sur les vécus interne (respiration par exemple) qui activerait https://www.sciencesetavenir.fr/sante/depression-addictions-des-risques-a-identifier_140021
un certain nombre de mécanismes favorisant la dépersonnalisation ou les crises de panique. Nous sommes en attente de recherches plus poussées mais vous pouvez déjà lire les publications du psychologue qui a tiré la sonnette d'alarme : https://www.nicholastvandam.com/pubs
6. Déconseillée pour qui ?
Tou.te.s celleux pour qui un état de conscience modifiée peut avoir des conséquences :
- Le trauma simple ou avec PTSD : la méditation peut favoriser la résurgence de souvenirs traumatiques, de flashs et de réminiscences
Tou.te.s celleux pour qui un état de conscience modifiée peut avoir des conséquences :
- Le trauma simple ou avec PTSD : la méditation peut favoriser la résurgence de souvenirs traumatiques, de flashs et de réminiscences
- La psychose et tous les troubles sujets à la dépersonnalisation qui peut être déclenchée ou accentuée par la méditation
- Les troubles anxieux et les troubles paniques qui ont un fonctionnement qui peut se rapprocher par certains côtés du trauma : se concentrer sur les vécus
- Les troubles anxieux et les troubles paniques qui ont un fonctionnement qui peut se rapprocher par certains côtés du trauma : se concentrer sur les vécus
internes peut accentuer l'état d'angoisse déjà présent (je me concentre et prends conscience de l'étendue de mon angoisse) ou provoquer les crises en portant attention sur la respiration ou encore laisser place libre aux pensées phobiques et angoissantes par exemple
- Les bipolarités non stabilisées
- Les dépressions en phase aigue
Ces deux là pour la question instable de l'humeur
- Les addictions et TCA en tant qu'elles sont souvent une stratégie de maitrise de l'angoisse ou d'un trauma (et donc réactiver l'angoisse ou le trauma par la
- Les dépressions en phase aigue
Ces deux là pour la question instable de l'humeur
- Les addictions et TCA en tant qu'elles sont souvent une stratégie de maitrise de l'angoisse ou d'un trauma (et donc réactiver l'angoisse ou le trauma par la
méditation pourrait augmenter le besoin de recourir à ces stratégies)
7. La récupération par le capital
Il faut aussi bien garder en tête que faire de la méditation la panacée à tous les problèmes, c'est faire de vous en tant qu'individu, le ou la seul.e en capacité de changer
7. La récupération par le capital
Il faut aussi bien garder en tête que faire de la méditation la panacée à tous les problèmes, c'est faire de vous en tant qu'individu, le ou la seul.e en capacité de changer
votre état en décidant de ne pas vous accrocher à vos grief. Beaucoup d'entreprises ont déjà repéré l'opportunité de se dédouaner de leur part de responsabilité dans le mal être de leur salariés, cela reste en somme une manière d'évacuer la responsabilité sociale en santé mentale
J'espère que ce thread aura répondu aux questions posées. Il m'a demandé du travail.

Suite commentaires ultra intéressant Addendum 1 : Ne pas préciser les contre-indications, ca fait que les personnes dont l’état empire en faisant de la méditation se sentent nulles et coupables de ne pas y arriver
Et une précision personnelle : vous avez vu que malgré le fait
Et une précision personnelle : vous avez vu que malgré le fait
que je sois personnellement concernée par l’autisme, je ne parle pas du lien entre méditation et autisme. Parce qu’il n’y a quasiment aucune donnée. Mon sentiment c’est que c’est plutôt une mauvaise association mais je suis preneuse de retours de personnes TSA.